
La guerre 1939 - 1945
L’occupation, la résistance et la libération
En 1939, les pèlerins vinrent encore nombreux, soit individuellement, soit en assemblées, exhorter la Sainte-Vierge de les protéger des affres de la guerre.
Et ce fut l’inexorable déclenchement des hostilités, la défaite de juin 1949 avec l’arrivée des Allemands, l’annexion quasi-immédiate de l’Alsace-Lorraine et l’établissement d’une frontière que les autorité nazies voulaient étanche.
A partir de ce moment, la chapelle de Bellefontaine fut fermée officiellement et son activité religieuse ne devait reprendre qu’en 1945.
Et c’est là que Notre Dame de Bellefontaine commença à appartenir au domaine des ombres clandestines qui avaient choisi la Liberté contre l’Emprise apparaissant comme toute puissante de l’énorme machine de guerre nazie.
Pour la seconde fois en moins d’un siècle, ce saint site redevenait le signe du rejet de cette odieuse barrière.
Pour beaucoup il incarnait l’espoir de la Liberté.
Nota Bene :
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Dans sa brochure, C. BAIRET écrit que le dernier pèlerinage autorisé par les autorités occupantes a eu lieu en 1941 avec l’interdiction toutefois aux pèlerins de Reppe de s’entretenir avec ceux d’Alsace.
Or le registre paroissial ne fait aucune allusion à une cérémonie de ce gente en 1941, alors qu’il mentionne très explicitement celle de 1942 relatée ci-dessus.
Et pendant l’occupation de 1940 à 1944, le sanctuaire fut le refuge et le point de ralliement de quantité de prisonniers évadés, de clandestins, de réfractaire à l’incorporation de force dans la Wehrmacht ou au régime de patriotes ou résistants traqués qui voulaient fuir, etc ….
M. Raymond DURAIT, au péril de sa vie, a été le coeur et la main de cette résistance effective.
Il était le dernier maillon mais le plus crucial, d’une chaîne qui s’était organisée pour franchir en cachette cette frontière pourtant conçue pour empêcher toute perméabilité et ainsi fortement contrôlée par d’incessantes patrouilles armées.
Même si M. DURAIT n’en fait pas mention dans son récit, il faut néanmoins ajouter que fréquemment il faisait le guet du haut du campanile.
Il est à préciser également que beaucoup de terres entourant la chapelle étaient directement exploitées par la « Kreisbauernschaft », s’agissant de parcelles saisies, comme appartenant à des « français », ce qui explique la densité des superficies céréalières autour du sanctuaire.
Vint la LIBERATION le 28 novembre 1944.
Les bâtiments n’avaient cette pratiquement pas eu à souffrir de la guerre.
En 1945, à l’Ascension, on célébra le pèlerinage de la Gratitude à Notre Dame pour la Liberté retrouvée.
A nouveau, un grand nombre de personnes viennent surtout du Territoire de Belfort rendre avec ferveur des actions de grâce à la Vierge de Bellefontaine qu’ils retrouvaient enfin après une période d’interdiction qu’ils avaient ressentie comme extrêmement longue.
De regain de dévotion se poursuivit encore l’année suivante en 1946 où l’on dénombra environ 2 000 pèlerins à la cérémonie de l’Ascension.
Cette même année, la paroisse de Chavannes-sur-l’Etang reprit l’ancienne tradition du Lundi de Pentecôte avec mes solennelle.
Mais en 1948, certains nuages devaient venir quelque peu assombrir le ciel serein régnait sur Bellefontaine.
Mgr WEBER, évêque de Strasbourg en visite pastorale, ayant projeté de se rendre au sanctuaire Notre Dame de Bellefontaine, apprit que la procession principale du pèlerinage donc de l’Ascension, coïncidait avec le bal de fête locale de Reppe et qu’ainsi certaines personnes, après avoir participé à la célébration à la chapelle, s’en allaient danser à Reppe.
Par lettre adressée à M. le curé de Bréchaumont, lue également en chaire à Reppe, l’évêque menaçait de supprimer purement et simplement cette cérémonie si une modification n’intervenant pas dans la date de la fête locale.
Mgr Dubourg, archevêque de Besançon, en fut avisé et entreprit des démarches en ce sens auprès du maire de cette commune.
Ce dernier intervint auprès de la Jeunesse rurale de Reppe qui était l’instigatrice de cet état de fait, en proposant 2 autres dimanches pour ce bal.
Devant l’intransigeance des organisateurs, le pèlerinage de l’Ascension fut bel et bien supprimé.
Un certain malaise en fut ressenti et surtout la belle unanimité fut un peu entaillée car paroissiens de Reppe décidèrent de faire leur propre procession dorénavant à l’Assomption en mémoire du voeu de Louis XIII.
Depuis le début du siècle, ces procession étaient toujours une démonstration émouvante de ferveur envers Notre Dame de Bellefontaine.
Ces manifestations revêtaient un aspect solennel avec pour reprendre les termes de Bairet m
« Le soleil resplendissant, jetant une notre vive sur la chape dorée du prêtre et mettant en valeur les voiles blancs des jeunes filles portant la statue de la Vierge.
Mais encore à cette époque, la dans était considérée comme perverse, car génératrice de péchés ou péché tout court et c’est pour cela que l’on ne pouvait concevoir la juxtaposition d’une telle fête profane et d’une fête religieuse.
En 1900, une jeune fille, porteuse de la Vierge pendant les procession a été « renvoyée » parce que le curé avait appris qu’elle avait été danser à la fête de Reppe.
En 1950, on relate encore une « Erntekankfest » et le dimanche suivant la Fête des 7 Douleurs avec grand’messe solennelle.
A partir de ce moment là, l’on enregistra un déclin très net de la fréquentation du pèlerinage suivant en cela l’évolution générale de la pratique religieuse.
M. l’abbé SIFFERLEN, installé le 27 septembre 1966 comme curé de Bréchaumont, en remplacement de l’abbé REMY qui lui-même avait en 1951 succédé à l’abbé SIMON, nommé à Bartenheim, renoua avec les cérémonies traditionnelles.
en 1967, très marqué par le sanctuaire, il reprit la réalisation des travaux d’entretien et de restauration qui s’imposaient à nouveau.
Mais ce centre spirituel devait une fois de plus connaître des plaies causées par les méfaits humains.
C’est ainsi que le 07 juillet 1947, les habitant de toute la région ont vécu cette affaire comme un véritable drame.
L’un des passants voulut aller à la chapelle, sonner l’angélus comme il était coutume de le faire souvent en période ou prés et champs étaient en plaine activité, s’aperçut avec stupeur que la cloche avait disparu du campanile.
Des voleurs, peu soucieux du sacrilège l’avaient simplement détachée et jetée à terre probablement pour en récupérer le métal.
Ils l’avaient emportée nonobstant son poids de 100 kgs.
L’enquête menée par la police ne permit pas de relever la moindre piste.
Et puis le 19 octobre de la même année, un chasseur, M. Mercier, d’Anjoutey, la découvrit par hasard dans un trou plein de vase et recouvert de branchages.
Le ou les malfaiteurs avaient-ils été surpris en essayant de transporter leur fardeau ?
Voulaient-ils la dissimuler aux regards en attendant de pouvoir venir la reprendre ?
Avaient-ils été pris de remords ou par suite de maladie ou d’accident, avaient-ils été emp^chés d’achever leur forfait plus tard ?
Toujours est-il que l’on est aussi posé des questions sur le fait qu’elle ne se soit pas brisée en tombant …
La nouvelle se répandit comme une trainée de poudre et les paroissiens de Bréchaumont s’empressèrent de venir la tirer de son inconfortable position et de la replacer dans son clocheton.
Et aujourd’hui encore, ce sont les notes cristallines de cette même cloche qui se répercutent dans la campagne lors des fêtes et offices religieux.
Mais hélas, personne ne vient plus sonner l’angélus à la chapelle.
L’avidité des hommes ne devait s’arrêter là : en juillet 1974, les gouttières en cuivre furent dérobées et bien sûr jamais récupérées.
Dans la nuit du 21 au 22 septembre suivant, la statue de Saint-Paul et deux angelots disparurent également.
comme on craignait alors que la magnifique Piéta du XVIème siècle, qui avait fait l’objet de la vénération de nombreuses génération de pèlerins subisse le même sort, on la plaça en lieu sûr.
Et progressivement, le pèlerinage se mit quelque peu en veilleuse.
Le manque de prêtre se faisant sentir avec acuité, certains curés ou administrateurs paroissiaux ont néanmoins ces dernières années tenus à organiser à Notre Dame de Bellefontaine des rencontres de jeunes notamment pour que le sanctuaire ne retombe pas dans l’oubli.
La première célébration ayant eu lieu depuis la création de l’Association de la Chapelle Notre Dame de Bellefontaine a rassemblé le jour de l’Assomption 1990 plus de 300 personnes, toutes ferventes et émues.
Oh certes, ce n’était que le dixième à peine de la foule des grands moments du pèlerinage, mais dans notre monde moderne et sa société permissive et de loisirs à outrance, ce résultat dépassait toutes les espérances.
Le mardi 2 octobre 1990, une centaine de jeunes enfants et adolescents étaient rassemblés lors d’une messe de rentrée, autour de l’animateur liturgique, chanteur et compositeur Alain NOËL et en présence de plusieurs prêtres.
Là aussi, ce fut un bel exemple de renouveau et un encouragement pour l’avenir.
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